Les SPACs (Special Purpose Acquisition Companies) : un outil à manier avec précaution
Les SPACs ont fait la une des médias financiers entre 2020 et 2022. Utilisés par des stars de Wall Street, des entrepreneurs de la tech et des investisseurs institutionnels, ils ont levé des milliards à une vitesse record.
Mais après l’euphorie, vient l’heure du discernement.
Qu’est-ce qu’un SPAC ?
Un SPAC (Special Purpose Acquisition Company) est une société sans activité opérationnelle, introduite en bourse dans le seul but d’acquérir ultérieurement une entreprise privée. En clair : une coquille vide, mais cotée, utilisée comme véhicule d’acquisition.
L’avantage ? Pour l’entreprise cible, cela permet d’accéder rapidement aux marchés financiers sans passer par une introduction classique (IPO), souvent plus longue et contraignante.
Pourquoi un tel engouement ?
Les SPACs ont séduit pour plusieurs raisons :
- Rapidité de mise en marché
- Moins de régulation à court terme
- Possibilité de projeter des performances futures dans la documentation
- Intérêt pour les investisseurs de participer à une acquisition potentiellement prometteuse
Mais cette flexibilité a un coût.
Des risques sous-estimés
Les SPACs ne sont pas sans danger, pour les fondateurs comme pour les investisseurs.
- Asymétrie d'information L'investisseur de base mise à l’aveugle sur une équipe (le « sponsor ») sans connaître la cible à l’avance.
- Dilution importante Entre les actions gratuites des sponsors et les warrants, les actionnaires initiaux peuvent se retrouver fortement dilués une fois la fusion réalisée.
- Alignement d’intérêt Certains sponsors peuvent être incités à finaliser une opération à tout prix pour toucher leur rémunération, même si la cible est médiocre.
- Performance post-fusion Les études montrent que la majorité des SPACs affichent des performances inférieures au marché un an après la fusion.
SPACs et stratégie patrimoniale : prudence, mais pas exclusion
Chez ORIGEEN, nous ne rejetons pas les SPACs en bloc. Ce sont des outils. Mais comme tout outil sophistiqué, ils doivent être utilisés dans un cadre maîtrisé :
- Pour des investisseurs avertis ayant accès à une due diligence poussée
- Pour des entrepreneurs envisageant une levée de fonds alternative, mais souhaitant garder le contrôle
- Pour une stratégie opportuniste intégrée à une allocation globale bien diversifiée
En revanche, ils ne doivent jamais constituer un socle de portefeuille ou une réponse unique à un besoin de liquidité.
Réglementation, transparence et maturité
Les autorités de marché ont commencé à encadrer plus strictement les SPACs : renforcement des obligations de communication, alignement des incitations entre sponsors et investisseurs, délais plus stricts.
C’est une évolution saine, qui pourrait redonner ses lettres de noblesse à un mécanisme parfois mal employé.
Conclusion : Les SPACs sont à la fois un accélérateur et un amplificateur. Ils peuvent ouvrir des portes, mais aussi créer des effets de levier à double tranchant. L’essentiel est de les intégrer dans une vision patrimoniale long terme, avec prudence et accompagnement.