Rembourser ses prêts ou investir ? Une question de stratégie, pas d’idéologie

Publié par
Guillaume Huard
le
17/4/2025

Rembourser ses prêts ou investir ? Une question de stratégie, pas d’idéologie

Une alternative souvent posée… mais rarement tranchée

Lorsqu’un particulier ou un entrepreneur dégage de la trésorerie, il peut envisager :

  • de rembourser ses dettes (immobilières, professionnelles ou privées),

  • ou d’investir ces liquidités pour générer du rendement.

Ce dilemme mérite une analyse fine : ni l’un ni l’autre n’est une solution par défaut. Il s’agit d’un arbitrage structurant, dont les implications touchent à la rentabilité, à la fiscalité, à la liquidité et à la cohérence du patrimoine.

Crédits : analyser le coût réel, pas uniquement le taux

Avant d’envisager un remboursement, plusieurs points doivent être analysés :

  • Taux d’intérêt nominal vs taux réel après fiscalité
    Certains crédits semblent peu coûteux, mais l’assurance ou la non-déductibilité fiscale augmentent leur poids. Par exemple, dans le cas d’un crédit immobilier, le remboursement anticipé peut générer des économies significatives sur les intérêts, mais aussi des frais potentiels à bien évaluer au préalable (frais de remboursement anticipé, perte de liquidité).

  • Amortissable ou in fine ?
    Un crédit in fine mal couvert par un actif de reconstitution peut fragiliser la stratégie patrimoniale. Ce type de prêt est souvent mal compris et suppose une discipline financière rigoureuse.

  • Actif financé : rentable, liquide, durable ?
    Un crédit qui finance un actif sous-performant ou difficile à mobiliser doit être réévalué.

L’objectif est de déterminer si conserver cette dette reste cohérent dans le contexte actuel du patrimoine.

Investir : seulement si le cadre stratégique est posé

Placer une trésorerie disponible peut être pertinent, mais à condition de répondre à trois critères :

  1. Rendement espéré > coût réel du crédit

  2. Horizon d’investissement suffisant pour lisser la volatilité

  3. Cohérence avec les objectifs patrimoniaux globaux

Selon l’AMF, les épargnants s’orientent de plus en plus vers des actifs dynamiques comme les ETF, les actions cotées ou le financement participatif, mais sans toujours maîtriser les niveaux de risque associés*.

Investir sans cadre peut générer une fiscalité inutile, une immobilisation mal maîtrisée, ou un déséquilibre de portefeuille.
Exemples :

  • Investir via une holding pour optimiser la fiscalité

  • Utiliser une assurance-vie pour capitaliser sans frottement

  • Arbitrer entre actifs récurrents (SCPI) et dynamiques (PEA, ETF)

L’aspect psychologique : un critère réel, mais personnel

Certaines personnes souhaitent solder leurs crédits rapidement, même si le raisonnement financier ne le justifie pas pleinement.
D’autres acceptent une logique de levier maîtrisé pour dynamiser leur capital.

Ce facteur doit être pris en compte sans être survalorisé : il ne remplace ni l’analyse de liquidité, ni l’évaluation du couple risque/rendement. Il complète simplement le raisonnement.

Fiscalité : variable d’ajustement, jamais accessoire

Les impacts fiscaux du remboursement ou de l’investissement doivent être chiffrés :

  • Rembourser un crédit locatif = perte de déductibilité des intérêts

  • Investir via des enveloppes fiscalement neutres = report d’imposition

  • Répartition personne/société = effets sur l’impôt sur le revenu, l’IS, ou les dividendes

L’effet fiscal dépend aussi de :

  • la tranche marginale d’imposition,

  • la durée de détention prévue,

  • la nature des revenus futurs.

Un calcul comparatif est indispensable.

Articuler l’ensemble dans une stratégie globale

L’arbitrage entre remboursement et investissement n’a de sens que replacé dans un cadre patrimonial précis :

  • Objectifs (capitalisation, transmission, prévoyance, retraite)

  • Structure d’actifs (immobilier / financier / professionnel)

  • Niveau d’endettement

  • Capacité d’épargne future

  • Exposition au risque (liquidité, concentration)

Il s’agit de prioriser les flux et les marges de manœuvre en fonction d’un cap, pas d’un réflexe.

Conclusion

Il n’y a pas de règle universelle. Chaque situation appelle un raisonnement chiffré, comparatif, et intégré à une trajectoire patrimoniale.

Chez Origeen Capital, nous accompagnons nos clients dans ces arbitrages complexes, avec une approche combinant modélisation financière, fiscalité et stratégie de long terme.

📩 Contact : ghuard@origeen-capital.com

SOURCE : L’AMF, 23 Septembre 2024 https://www.amf-france.org/fr/espace-epargnants/savoir-bien-investir/cadrer-son-projet/risques-et-rendements-des-placements/connaissez-vous-vraiment-les-risques-des-differents-placements-financiers?utm_source=chatgpt.com