Crédit professionnel et ESG : comment intégrer des critères environnementaux dans vos demandes de financement

Publié par
Guillaume Huard
le
2/10/2025

Depuis plusieurs années, les critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) s’imposent progressivement dans les stratégies des entreprises. D’abord portés par les grands groupes cotés, ils irriguent désormais les attentes des banques, investisseurs, clients… et même du régulateur. Une évolution qui rebat aussi les cartes du financement professionnel : intégrer les enjeux environnementaux dans une demande de crédit peut aujourd’hui peser favorablement sur l’analyse de risque, les conditions de financement et la sélection des partenaires.

Mais comment concrètement intégrer les critères environnementaux dans vos démarches de financement ? Quels bénéfices en attendre ? Quelles sont les attentes des banques ? Et comment se préparer efficacement ?

Le virage ESG du monde bancaire

Les banques et établissements de crédit sont eux-mêmes soumis à des exigences croissantes en matière de durabilité. À travers les orientations de la BCE, les obligations de reporting extra-financier, ou encore les réglementations issues du Green Deal européen, le secteur bancaire se voit contraint d’intégrer les risques climatiques dans ses modèles d’analyse.

Concrètement, cela signifie deux choses pour les emprunteurs :

  • D’une part, les établissements bancaires privilégient les projets compatibles avec la transition écologique et la résilience climatique ;
  • D’autre part, ils s'exposent moins aux secteurs ou entreprises perçus comme « bruns » ou vulnérables aux risques physiques (inondations, canicules, raréfaction des ressources…).

Ce contexte transforme progressivement l’accès au crédit : au-delà des critères financiers classiques, les banques analysent désormais la capacité des entreprises à anticiper, limiter ou compenser leurs impacts environnementaux. Et ce virage s’accélère.

Des critères environnementaux qui influencent la décision de crédit

Si les pratiques varient selon les banques, plusieurs critères environnementaux sont de plus en plus intégrés dans les processus d’octroi de crédit :

  • L’empreinte carbone de l’entreprise : niveau d’émissions directes et indirectes, actions de réduction mises en place, pilotage des émissions.
  • L’efficacité énergétique des bâtiments, outils de production, flotte de véhicules…
  • La gestion des ressources : eau, matières premières, recyclage, économie circulaire.
  • La gouvernance environnementale : existence d’un référent, d’une stratégie, d’un plan d’action chiffré.
  • La transparence : capacité à produire des indicateurs ESG fiables, audités, comparables.

Dans certains cas, ces éléments sont simplement pris en compte dans l’analyse qualitative. Mais certaines banques vont plus loin, en conditionnant leurs financements à des engagements ESG mesurables, voire en indexant les taux à des indicateurs environnementaux (on parle alors de crédits à impact).

Préparer son dossier de financement avec une grille ESG

Pour maximiser ses chances d’obtenir un crédit dans de bonnes conditions, l’entreprise a donc tout intérêt à anticiper les attentes ESG du prêteur. Cela passe par une structuration rigoureuse de ses données, une formalisation de sa démarche environnementale, et une capacité à démontrer sa cohérence stratégique.

Voici quelques bonnes pratiques à intégrer dans la constitution d’un dossier de financement :

  1. Réaliser un diagnostic environnemental de l’activité : bilan carbone, analyse des risques physiques et de transition, identification des points de vulnérabilité et de progrès.
  2. Mettre en avant les efforts réalisés : investissements déjà engagés en faveur de la transition (efficacité énergétique, relocalisation, matériaux durables…), certifications obtenues (ISO 14001, BREEAM…), partenariats verts.
  3. Définir des indicateurs ESG suivis et mesurés dans le temps : émissions évitées, consommation d’énergie, taux de recyclage, empreinte transport, etc.
  4. Formuler un plan d’action crédible et chiffré : quelles étapes, quels budgets, quels ROI environnementaux attendus.
  5. Impliquer la gouvernance : intégrer les enjeux environnementaux dans les organes de direction et les process de décision.

Plus l’entreprise est en mesure de présenter une trajectoire ESG claire, sérieuse et documentée, plus elle inspirera confiance à ses partenaires financiers.

Crédit à impact : un outil vertueux à condition d’être maîtrisé

Depuis quelques années, les crédits à impact se développent fortement. Il s’agit de financements dont les conditions (souvent le taux) évoluent en fonction de la performance ESG de l’entreprise. Si les objectifs sont atteints, le taux est bonifié. S’ils ne le sont pas, il est majoré.

Ce type de produit présente des avantages :

  • Il incite concrètement l’entreprise à respecter ses engagements environnementaux.
  • Il valorise les efforts ESG auprès des parties prenantes.
  • Il permet un dialogue plus structuré avec la banque sur les enjeux de durabilité.

Mais attention : un crédit à impact mal calibré peut se retourner contre l’entreprise. Objectifs trop ambitieux, indicateurs peu maîtrisés, dépendance à des données externes, clauses floues… Autant de pièges qui peuvent transformer une opportunité en contrainte financière.

Il est donc crucial de bien négocier les termes du contrat, de choisir des indicateurs pertinents, et de mettre en place un pilotage rigoureux des engagements pris.

Des secteurs plus exposés que d’autres

L'intégration des critères environnementaux dans les demandes de financement ne concerne pas tous les secteurs de la même manière. Ceux jugés les plus à risque, soit parce qu’ils sont très émissifs (BTP, transport, industrie lourde), soit parce qu’ils sont exposés aux risques climatiques (agriculture, tourisme, logistique), font déjà l’objet d’une vigilance renforcée de la part des banques.

Mais même dans les secteurs tertiaires ou faiblement carbonés, les attentes ESG progressent. Le message est clair : toute entreprise, quelle que soit sa taille ou son secteur, est appelée à se positionner sur la transition environnementale, à son échelle.

Anticiper pour ne pas subir

Dans ce contexte, il ne s’agit plus d’attendre que la banque demande des comptes ESG pour s’en préoccuper. Il faut anticiper. Se doter d’un socle d’indicateurs. Identifier les leviers de transformation environnementale pertinents. Se former. S’outiller. Se faire accompagner si besoin.

Intégrer les critères environnementaux dans une demande de financement n’est pas une démarche cosmétique : c’est un levier stratégique pour pérenniser ses projets, fluidifier les échanges avec les financeurs, et se donner les moyens d’investir dans une économie de plus en plus contrainte par le climat.

Chez ORIGEEN Capital, nous accompagnons les professionnels, dirigeants et entrepreneurs dans la structuration de leurs projets de financement en intégrant les nouveaux enjeux environnementaux, réglementaires et stratégiques. Notre rôle : sécuriser vos démarches tout en valorisant vos engagements auprès des partenaires financiers.

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